Crise au sein du Parti REAGIR : quand le bateau coule, les matelots se jettent les rames à la figure

Il faut croire que la politique gabonaise n’a rien à envier aux meilleures séries télévisées.

Le dernier épisode de la saga Réagir cette formation aux grandes ambitions patriotiques mais aux petits arrangements internes vient de nous livrer un rebondissement digne d’un vaudeville républicain : deux des anciens piliers du parti, François Ndong Obiang et Persis Lionel Essono Ondo, sont traduits devant le tribunal correctionnel de Libreville. En cause ? Une histoire de cachets falsifiés, de faux documents et, sans doute, de vraies trahisons.

On aurait pu s’attendre à une bataille d’idées. Ce fut une guerre de cachets. On aurait souhaité des débats politiques. Ce fut une compétition de coups bas. À Réagir, on ne débat plus : on se dénonce, on se traîne devant les juges et on brandit l’immunité parlementaire comme un bouclier de plastique dans une tempête institutionnelle.

Pendant que la justice tente de démêler le vrai du faux dans un dossier où même les signatures semblent hésiter sur leur légitimité, la crise s’enracine. Réagir est désormais un parti fracturé, vidé de sa substance idéologique, où les ambitions personnelles ont dévoré la cause collective. Le départ de Persis Essono Ondo, qui a claqué la porte pour fonder son propre club politique (Destinée républicaine, un nom qui sent déjà la revanche mal digérée), achève de démontrer l’ampleur du naufrage.

Et que dire de Michel Ongoundou Loundah ? Évincé de la présidentielle comme un figurant indésirable, le voilà qui ressurgit, action judiciaire à la main, pour reprendre la main sur un parti qu’on lui avait méthodiquement arraché. Son retour ressemble moins à une reconquête qu’à une opération de nettoyage post-déflagration. Mais dans les décombres, qui restera pour reconstruire ?

Ce procès n’est pas seulement une affaire de justice, c’est une autopsie politique en direct. Et le cadavre de Réagir est encore chaud. Un parti qui prétendait « réapproprier le Gabon », mais qui n’a pas su se réapproprier la décence démocratique. À ce rythme, Réagir ne réagira plus à rien, si ce n’est à ses propres convulsions internes.

Le verdict attendu en mai dira peut-être qui a menti, qui a falsifié, qui a trahi. Mais il y a une vérité déjà éclatante : la crise de Réagir n’est pas passagère, elle est systémique. Un parti qui falsifie ses propres documents pour se battre en interne n’est pas seulement en crise : il est en faillite morale. À force de vouloir se réapproprier la République, certains en ont perdu le mode d’emploi.

 

 

La redaction

Basile Maurice Magnabouani,Journaliste Certifié, directeur de publication . Le Touraco Vert est un journal d'information numérique et indépendant 100% gabonais. Email : magnabouanibasile54@gmail.com Tél: 065888856

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