Le Journal : Monsieur le Président bonjour et merci d’accepter de répondre à nos questions ! Quelles sont les leçons que vous tirez du référendum constitutionnel du 16 novembre dernier en votre qualité de leader d’opinion ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Bonjour mesdames et messieurs des médias, tout le plaisir est pour moi de me sentir proche de vous et j’en suis honoré. Ceci dit, la participation politique s’organise Les leçons à tirer du Référendum constitutionnel du 16 novembre dernier sont primo que nos forces de défense et de sécurité regroupées au sein du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) au pouvoir ont donné à la face du monde une belle leçon de démocratie, secundo il y a eu une participation égalitaire aux débats des partisans du OUI et du NON, un accès libre à tous aux médias publics, tertio, nous avons connu des résultats à temps ce que l’on a jamais vécu dans notre pays, ce qui induit une meilleure organisation de ce scrutin référendaire, et quarto, il a été constaté une implication des observateurs étrangers dans leur mission. C’est la preuve d’une élection démocratique car transparente et fiable. Je profite de cette occasion que vous me donnez de féliciter ici notre CTRI en tête duquel se trouve le Général de Brigade Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA.
Le Journal : Monsieur le Président ! Le taux d’abstention observé est relativement élevé au vu de certains chiffres ces dernières années … Comment l’expliquez-vous ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Je voudrais dire à l’attention des Gabonaises et des Gabonais que l’abstention est le fait de ne pas voter lors d’une élection malgré que l’on soit inscrit sur les listes électorales. Les analyses du comportement électoral ont mis au grand jour une augmentation des usages intermittents et alternés du vote et de l’abstention. Venant donc à votre question, les causes de ce taux d’abstention élevé peuvent se justifier par la démobilisation des citoyens due au dernier scrutin présidentiel d’août 2023 qui était émaillé de multiples cas de fraudes, le fait que plusieurs électeurs étaient souvent transportés mais ne l’ont pas été cette fois, il nous faut aussi comprendre que l’élection devient un film que certains électeurs suivent en spectateurs. Il me paraît donc très important à ce niveau de ramener les citoyens aux urnes par des campagnes de sensibilisation après une telle déconvenue. Il nous faut comprendre que ce type d’élection n’est pas habituel des populations gabonaises, elles sont plus habituées aux élections politiques à savoir : présidentielles, législatives et locales, élections qui ont pour elles plus d’enjeux qu’un référendum fusse-t-il Constitutionnel. Les nouvelles autorités du CTRI doivent organiser des campagnes de sensibilisation, d’éducation des populations à propos des élections Référendaires qui me semblent être sans trop d’intérêt pour ces dernières et ces quelques pistes de solutions que je viens d’énoncer pourraient servir à n’en point douter à d’autres scrutins à venir.
Le Journal : Monsieur le Président ! Même si le scrutin a été bien organisé, plusieurs voix ont évoqué des cas de bourrage des urnes, des votes multiples … Qu’en pensez-vous ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Rires … je voudrais vous dire avec certitude que dans notre pays sans exagération, c’est le plus beau scrutin que notre pays le Gabon ait connu sans incidents ni fraudes. Ces allégations de bourrage d’urnes dont vous faites allusions émaneraient de qui ? Ce sont de joyeuses divagations et je mets au défi ceux-là qui l’allèguent afin d’en apporter la preuve contraire car en droit c’est la preuve qui parle. En revanche, je ne pense pas que des votes multiples aient eu lieu parce qu’il existe dans la loi si mes souvenirs ne me trahissent pas des procurations qui autorisent de pouvoir voter en lieu et place des électeurs empêchés pour diverses causes. Dans tous les cas, il y’a eu la présence de nombreux observateurs étrangers, qui ne les ont point relevées ni même dénoncées, comme ce fut le cas avec ceux de l’Union Européenne en 2016. Et puis, des recours étaient possibles devant la Cour constitutionnelle qui vient d’ailleurs de proclamer officiellement les résultats définitifs de ce referendum 2024 soient 91,64% pour le OUI dont j’ai été un des artisans incontestés et 8,36% pour le NON. Je me permets de demander à nos frères qui ont prôné le NON de rester fermement attachés aux institutions politiques et aux rouages de la démocratie participative qui peuvent constater des perdants et gagnants après un scrutin, c’est le Gabon qui gagne.
Le Journal : Monsieur le Président ! L’élection présidentielle approche et les autres élections avec, la question de la fiabilité du fichier électoral va refaire surface. Comment le rendre plus propre ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Vous posez là une question très pertinente et de sincérité des élections en Afrique en général et du Gabon en particulier, en réalité c’est tout le processus électoral dans son ensemble que vous évoquez. Je voudrais vous dire que l’importance grandissante de la démocratie, devenue le mode de gouvernance par excellence rime avec des élections libres, transparentes et sincères. Pour restaurer la confiance dans les élections, il faut une implication intégrale de tous les acteurs politiques, de la Société civile et des observateurs nationaux et étrangers, il faut une révision du Code électoral dans le sens de la transparence et la révision du fichier électoral dans les délais légaux, mieux, si le processus électoral est libre, équitable, exact, transparente et dûment contrôlé, et si les lois et règlements sont appliqués comme il se doit, il deviendrait plus difficile pour les participants et les électeurs de refuser ou de contester les résultats d’un scrutin ou la légitimité des nouveaux élus.
Le Journal : Monsieur le Président ! Pensez-vous qu’il sera possible d’arriver à plus de transparence lors des échéances à venir …Qu’est ce qui aurait changé sur le plan humain ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Je pense fortement que cela est possible et que les autorités de la Transition regroupées au sein du CTRI organiseraient des colloques pour renforcer l’intégrité et la transparence des élections à l’heure des réseaux sociaux, c’est un enjeu majeur qui a pour but d’envisager les différentes manières de mettre les technologies numériques au service d’un renforcement de la transparence et de l’intégrité des processus électoraux parce que les nouvelles technologies influent sur la politique et les élections. Vous êtes sans ignorer que les partis politiques et les candidats utilisent les réseaux sociaux pour atteindre les électeurs, mobiliser leurs soutiens et aussi lever des fonds, tandis que les électeurs s’en servent pour s’impliquer dans les campagnes et interpeler les responsables politiques et les citoyens sur des problématiques liées aux élections. De telles actions peuvent contribuer à renforcer l’intégrité et la transparence des processus électoraux et nourrir la démocratie. Elles peuvent aussi donner lieu à des abus qui influent sur le résultat des votes et par là, saper la confiance vis-à-vis de l’intégrité du processus démocratique. Ces colloques dont je souhaite l’organisation pourraient réunir des représentants de la société civile, des organismes électoraux, des sociétés travaillant dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, des agences des Nations Unies impliquées dans l’assistance électorale, ainsi que des journalistes et des universitaires pour passer au crible les initiatives existantes et envisager des manières de réduire les risques d’abus et de renforcer la coopération entre les différents acteurs. Ceci serait un gage d’élections crédibles, transparentes et sincères et nous pourrons éviter toutes contestations susceptibles d’entacher l’ensemble du processus électoral.
Je vous remercie