CHAMBRE DE COMMERCE / ÉLECTION : FRANCIS JEAN JACQUES EVOUNA, CANDIDAT

Notre rédaction s’est rapprochée de Mr Francis Jean Jacques EVOUNA, Président du Conseil Gabonais du Patronat (CGP), candidat au poste de Président de la Chambre de Commerce du Gabon, nous avons parlé un peu de politique, d’économie, du social et de l’écologie. A tous ces sujets importants, voici ce qu’il pense.

Francis Jean Jacques EVOUNA : Bonjour et merci de me donner la possibilité de partager avec vous en tant qu’éducateurs des masses, quelques thématiques qui fondent toutes sociétés contemporaines et notre vivre ensemble. Je vous en remercie très sincèrement pour cette marque de sympathie. Je constate tout de même que vous commencez par une question hautement politique et celle-ci me renvoie à l’histoire des idées politiques des origines au XXe siècle. Un penseur du nom de Hyppolite Taine disait : ‘’ le moment c’est le contexte présent. Toute œuvre manifeste une réaction à quelque chose d’immédiat, soit que l’œuvre veuille volontairement se mettre à l’écart des préoccupations immédiates, soit à l’inverse que l’œuvre apparaisse comme une œuvre « engagée », qu’elle aspire à répondre aux politiques immédiates du temps’’. Pour répondre de façon précise à votre question, je dirais qu’il n’y a rien d’anormal qu’un parti politique puisse affûter ses armes en mettant en mouvement et en ordre de bataille ses militantes et militants avant les dates d’échéances importantes telles que les élections présidentielles, des députés, des conseils municipales et départementales et enfin sénatoriales, pour conserver le pouvoir et de surcroît un parti au pouvoir qui entend poursuivre l’exercice de celui-ci. Il est à noter qu’il y a eu des changements importants au niveau de l’appareil dirigeant du Parti Démocratique Gabonais (PDG) et il est de bon ton que les autorités nouvellement installées soient présentées à la base militante. Il me paraît donc nécessaire, voire, utile que le nouveau Secrétaire Général et son équipe fassent cette tournée.

Le Journal : Monsieur le Président ! N’est-ce pas là une stratégie de début de campagne pour le PDG ?

Francis Jean Jacques EVOUNA : Rires…. Je puis vous confirmer qu’il y a plusieurs stratégies de campagne politique et des points gagnants de celles-ci mais la clé est d’avoir un plan de campagne convaincant, un message attrayant et suffisamment d’argent pour le communiquer et le mettre en œuvre. En tant qu’homme de terrain, je voudrais vous en donner quelques-unes des meilleures stratégies de campagne mises en œuvre par les meilleurs hommes politiques. Premièrement : Commencez tôt, Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les hommes politiques hésitent souvent à lancer une campagne anticipée. Ils sont pris par les affaires courantes, ne veulent pas dépenser d’argent ou pensent que l’effet d’une campagne anticipée sera oublié jusqu’au jour de l’élection. La vérité est pourtant qu’aucun candidat n’a jamais perdu une élection parce qu’il avait commencé à planifier trop tôt. En revanche, de nombreux candidats et partis ont perdu parce qu’ils ont débuté trop tard ou parce qu’ils ont commencé tôt en faisant ce qu’il ne fallait pas faire. DeuxièmementIl faut donner la priorité au message plutôt qu’à l’argent. L’une des erreurs les plus courantes des candidats est de gaspiller leur argent pour du matériel de campagne sans message. Le pouvoir d’un message fondé sur la recherche, crédible et correspondant à la demande politique du public cible est pourtant souvent sous-estimé. La clé est d’avoir un plan de campagne convaincant, un message attrayant et puis suffisamment d’argent pour le communiquer et mettre en œuvre le plan. L’argent, aussi abondant soit-il, ne fait rien par lui-même. Faire campagne, c’est comme marcher dans un labyrinthe. Si vous prenez un mauvais virage au début, tout ce qui suit sera également erroné. Troisièmement : il faudrait vous méfier des sondages précoces ou non scientifiques. Les sondages réalisés longtemps avant le jour de l’élection reflètent souvent le degré de familiarité des candidats. En ce sens, une avance des mois avant l’élection n’est en aucun cas une prédiction, mais peut en fait être un poison sucré qui endort les équipes de campagne. Une erreur typique des débutants est aussi de penser que l’on peut faire son propre sondage ou créer son propre groupe de discussion. Faire campagne, c’est comme marcher dans un labyrinthe. Si vous prenez un mauvais virage au début (c’est-à-dire si vous fondez votre stratégie sur des données erronées), tout ce qui suit sera également erroné. Quatrièmement : Il faut investir massivement dans les médias et les publicités payantes. Aujourd’hui, la plupart des campagnes sont menées et gagnées dans les médias. La publicité payante permet à une campagne de contrôler le message, d’influencer et de communiquer avec les électeurs qui ne s’intéressent pas directement à la politique, mais qui sont souvent ceux qui décident du résultat d’une élection. Cinquièmement : Il faudrait une certaine discipline pour remporter les élections. Les campagnes électorales sont des opérations chaotiques. Très souvent, les différentes ailes d’une équipe de campagne s’affrontent, et le candidat principal ou le chef de parti échoue à établir et à maintenir l’ordre interne. Pourtant, lui seul peut le faire et la discipline est un facteur clé. Un candidat m’a dit un jour : « Francis, notre campagne est un chaos complet. » Je lui répondis : Faisons-en un chaos complet où au moins tout le monde se bat contre l’autre camp. Sixièmement enfin : comprendre que la vitesse et l’intensité permettent de gagner les élections. Les élections sont comme une vente d’un jour. Elles sont donc caractérisées par une dynamique différente des campagnes commerciales (je discute régulièrement de cela avec les sociétés de relations publiques et de publicité). En politique électorale, tout est orienté vers ce jour unique, le jour de l’élection. Par conséquent, la vitesse et l’intensité sont d’une importance cruciale. L’ancien président français François Mitterrand, paix à son âme, avait coutume de dire que la France se donne à celui qui la veut le plus. C’est aussi vrai pour les autres pays comme le Gabon.

Le Journal : Monsieur le Président ! Quelles politiques économiques et sociales faut-il mener dans les jours, mois et années qui viennent pour retrouver confiance et foi en l’avenir ?

Francis Jean Jacques EVOUNA : Cette question me semble très intéressante, voire, pertinente bien évidemment. Je vous dirais d’emblée qu’il faut un débat très sérieux et solide sur les politiques économiques du prochain septennat du futur Président de la République d’autant plus que l’économie gabonaise vit des moments de bascule qui sont assez profonds et depuis quelques années. L’irruption de la pandémie a provoqué et même accéléré un certain nombre de changements pour certains irréversible. L’avènement de la campagne présidentielle nous offre l’opportunité unique de réfléchir aux défaillances révélées par cette double crise sanitaire et économique (système de santé, recherche et innovation, efficacité de l’État etc.) les nouvelles inégalités (emplois peu protégés, précarisation, enrichissements etc…), les bouleversements qui touchent tant la gouvernance de l’État ( déficit, dette, politique monétaire) que celle des entreprises, à l’évolution des comportements d’entre nous ( au travail, en matière de consommation, vis-à-vis de la transition énergétique) et, finalement, au fait qu’il ne sera plus possible de la politique économique tout à fait comme autrefois. Ayant fait ce bref rappel, d’ailleurs, je l’ai déjà dit en d’autres occasions, il nous faut concevoir un plan de sauvetage de l’économie gabonaise avec nos experts locaux car l’après-Covid ne s’annonce pas comme un fleuve tranquille. Parce que les politiques économiques menées pendant cette crise sanitaire ont laissé des traces, notamment dans les finances publiques. Parce que les défis posés par les problèmes structurels auxquels l’économie gabonaise est confrontée risquent de mettre la cohésion de la société à rude épreuve. C’est la raison pour laquelle il faut tenter d’analyser les fondements économiques et sociaux des problèmes auxquels notre économie et la société gabonaise sont confrontés et proposer des pistes de réformes pour le septennat qui s’annonce. L’actuel plan de relance économique de notre pays avec l’appui du FMI, le Plan d’Accélération de la Transformation (PAT) constituent des pistes de solutions qu’il faudrait améliorer. Il est important de nous poser de bonnes questions par exemple : Quels sont les grands problèmes économiques et sociaux qui se posent réellement à notre pays ? Quelles sont les réformes à entreprendre en absolue priorité pour le septennat avenir ? Quelles sont les politiques structurelles qu’il faut mettre en place au cours des prochaines années pour éviter les crises, qu’elles soient financières ou sociales, redonner à chacun foi en l’avenir et restaurer la confiance. Il faut trouver des réponses aux questions que se posent nos concitoyens à la veille d’un scrutin majeur à savoir : la vie chère, le problème de l’eau, la réduction des inégalités, le problème des bas salaires ou pouvoirs d’achat etc… Je pense comme quelques pistes de solutions. Il faut redresser le taux de l’emploi qui est bien trop faible au Gabon, il faut payer la dette intérieure, il faut revoir la fiscalité qui est encore punitive, coercitive et même dogmatique. Il faut corriger les paramètres de notre économie, il faut diversifier notre économie, il nous faut faire preuve de courage et d’imagination pour nous sortir de là, Il faut nous remettre en question et en finir avec le déclin.

Le Journal : Monsieur le Président, vous parlez des reformes de l’État, y-a-t-il pas une stratégie à définir à cet effet ?

Francis Jean Jacques EVOUNA : Je pense que pour esquisser une éventuelle réponse à cette question, je vous dirais qu’il y a de nombreux rapports émanant d’économistes ou d’institutions internationales qui se sont intéressés à cette question. Par-delà les différences de sensibilité ou d’approche d’un rapport à l’autre, il existe un consensus assez large sur la nécessité de fluidifier les marchés, d’améliorer l’appariement de l’offre et la demande de travail, de stimuler la compétitivité, de permettre une montée en gamme et enfin de favoriser un développement écologiquement responsable. Il serait plutôt utile de se poser la question de savoir : Pourquoi réformer l’État ? Le Gabon doit réduire son déficit et sa dette publics. Pas seulement pour respecter les engagements de la zone CEEMAC, mais surtout parce que cela permettra à l’État de jouer pleinement son rôle de catalyseur dans une économie où la croissance est tirée par l’innovation, et ce au moins pour deux raisons. Primo : l’État doit pouvoir investir dans les domaines ou secteurs porteurs de croissance, et en même temps limiter la pression fiscale de manière à ne pas décourager les talents et l’innovation. Une diminution des dépenses publiques donne de l’oxygène au gouvernement pour poursuivre ces deux objectifs en parallèle. Secundo : il faut pouvoir corroborer par des études économétriques récentes ainsi que par l’expérience des pays qui ont suivi cette voie, qu’une réduction des déficits et de la dette publique permet plus facilement à l’État de mener une politique budgétaire contracyclique autrement dit, une politique où l’État s’endette plus pendant les récessions pour ensuite réduire son déficit dans les périodes d’expansion. Il importe de savoir que plus la dette publique n’est faible, plus l’État ne peut emprunter dans des conditions avantageuses en termes de taux d’intérêt en périodes de récession. Pour parler de la stratégie je dirais simplement qu’il faut réformer l’État pour l’adapter aux nécessités d’une économie tournée vers l’innovation plutôt que la reconstruction et le rattrapage technologique, notre pays marque malheureusement le pas.  Il faut pouvoir mettre en œuvre une méthode pour maitriser les dépenses publiques.

Le Journal : Monsieur le Président les élections à la Chambrer de Commerce approche à grand pas, vous êtes candidat au poste de Président, comment préparez-vous ?

Francis Jean Jacques EVOUNA : Je pense sans pouvoir me tromper que je suis dans ces élections avenir à la Chambre de Commerce du Gabon, celui qui a le plus communiqué dessus. Je vous annonce que mon discours à ce sujet passe déjà dans les réseaux sociaux et bientôt, il sera diffusé dans un délai assez rapproché par les chaines de télévision et suivi de la distribution gratuitement de mon programme pour la Chambre de Commerce du Gabon. Mais je voudrais vous partager l’inspiration qui me vient à l’instant. La « présentation de soi » telle qu’envisagée il y a de nombreuses années se révèle encore plus importante dans un monde médiatique où l’information ne se repose jamais. La présentation de soi rejoint les principes rhétoriques de gestion de l’image (éthos), de communication affective (pathos) et cognitive (logos), principes qui sont, plus que jamais, indispensables afin de convaincre l’électeur dans le cas qui nous occupe. Cette présentation de soi et la maîtrise du discours seront d’autant plus importantes dans un contexte de spectacularisation des pratiques politiques et où les personnalités politiques ou économiques empruntent les codes de la culture populaire et des célébrités. Par exemple, les acteurs politiques ou économiques n’hésitent pas à aller présenter leurs idées dans des émissions d’infodivertissement et à apparaître à la une de magazines populaires telles des vedettes de la chanson ou du cinéma. Le discours est alors moins politique et plus intime et la vie personnelle des politiques ou des personnalités du monde économique est mise de l’avant afin de construire l’éthos et de créer une impression de proximité avec ces acteurs. L’importance de la présentation de soi en politique ou en économie ne date pas d’hier. Toutefois, avec la montée des plateformes numériques et de l’Internet, prendre soin de son image et projeter un éthos cohérent et adapté à ces outils est devenu plus qu’un enjeu électoral, c’est un élément central de la vie politique voire de la vie économique.

Le Journal : Votre mot de fin Monsieur le Président !

Francis Jean Jacques EVOUNA : Pour terminer cet entretienje voudrais dire que la mobilisation des troupes et leurs motivations sont étroitement liées au cap, et à la stratégie déployée, expliquée et acceptée pour atteindre ce cap. La motivation associée à la motivation permet de mettre l’individu en mouvement, puis l’armée en marche. Il faut leur montrer l’objectif à atteindre, leur expliquer la raison de cet objectif, ce qui donne un sens à leur travail individuel et collectif. Une raison d’exister. Une raison de travailler. Une raison de se dépasser.

Je vous reemercie.

article du 31 Octobre 2022

La redaction

Basile Maurice Magnabouani,Journaliste Certifié, directeur de publication . Le Touraco Vert est un journal d'information numérique et indépendant 100% gabonais. Email : magnabouanibasile54@gmail.com Tél: 065888856

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